L'écriture, enjeu clé de confiance et de développement [Vivre Marseille]

  • On parle d'EPISTOLA
  • 11 Janvier 2021

 

Vous venez de lancer la première plateforme de rééducation de l’écriture à destination des enfants, qui êtes-vous ?
Je suis Maÿlis CHARBONNIER, graphologue et graphothérapeute depuis plus de 10 ans et maman de 3 enfants.
Depuis toujours, je suis convaincue que l’écriture manuscrite représente le territoire d’expression le plus profond et personnel de l'Être Humain. J’ai toujours été animé par des émotions lorsque je voyais de belles calligraphies, j’ai eu envie de tourner ma carrière vers l’écriture manuscrite. Je considère la graphothérapie (rééducation de l’écriture) comme un outil vivant qui permet à l’enfant de se révéler tout en prenant confiance en lui.
Aujourd’hui, les difficultés croissantes des enfants à écrire à la main et la reconnaissance indiscutable de l’écriture cursive dans le développement de l’enfant ont mis en lumière le rôle important de la graphothérapie. Cette évolution m’a obligé à repenser mon métier.  EPISTOLA est né, avec l’intuition que tous les parents devraient pouvoir avoir accès à une rééducation de l’écriture pour leur enfant sans  contrainte financière ou de distance !
J’aurais beaucoup aimé, si ça n’avait pas été mon métier, qu’un tel outil existe pour un de mes enfants, porteur de handicap !
Je me consacre aujourd’hui pleinement à EPISTOLA tout en continuant à exercer en cabinet à Marseille !

Je suis Laurent COLLIN, je suis un entrepreneur expert du numérique depuis 25 ans sur Marseille et papa de 2 enfants. J’ai toujours été convaincu que le numérique en général et l’internet en particulier doivent apporter bien plus qu’un espace de divertissement vide de sens mais bien retrouver son rôle de transmission des apprentissages et de connaissances enrichies. Pour moi, Internet permet de réduire les distances et doit nécessairement créer du lien. Je suis aussi convaincu que le numérique doit être bénéfique dans l’espace francophone : la francophonie est une opportunité de transmettre et d’étendre les savoirs en français.
J’ai moi-même découvert les bienfaits de la graphothérapie avec ma fille aînée et j’ai été étonné des rapides progrès que cette discipline apporte à un enfant tant d’un point de vue scripteur (le geste) que dans la confiance qu’elle a retrouvée.
Avec la conviction que la transmission entre parent et enfant doit être au cœur de la relation d'une part et que l'internet est un outil remarquable pour la formation, que j’ai apporté mon savoir faire à EPISTOLA !

Quelles sont les spécificités de la méthode EPISTOLA ?

EPISTOLA est le 1ère programme numérique et économique de rééducation de l’écriture manuscrite pour les enfants par leurs parents. Ses spécificités sont : la simplicité de mise en oeuvre et la facilité des exercices pour permettre à tous les parents d'améliorer eux-mêmes l'écriture de leur enfant, d’avoir au coeur de la démarche le lien parent/enfant essentiel à toutes rééducations réussie et enfin le prix car notre approche est résolument économique. La graphothérapie n'est pas remboursée par la Sécurité sociale ni prise en charge par les Mutuelles. Enfin, l’accompagnement se fait "à domicile ", c’est  un gain de temps et d'énergie pour les parents.
Notre méthode de rééducation EPISTOLA a des particularités dans son approche. Elle  part du constat que l'enfant ne peut correctement écrire que si tout son corps est en forme, à l'aise et apaisé. Nos exercices partent du global (tout le corps) pour arriver au détail, c'est à dire à la finesse du geste (la main).

L’écriture manuscrite est-elle toujours utile ?

Bien entendu ! Et peut être plus qu’on ne le pense. L'enfant écrit tout au long de sa scolarité, les épreuves du bac se passent encore à l'écrit avec des longues dissertations, à l'université, les partiels sont à l'écrit, comme tous les concours. Mais l'utilité va au-delà de la scolarité. L'écriture à la main favorise aussi le bon développement intellectuel et neurologique de l'enfant. Elle en est un moteur car elle stimule la mémoire visuelle et kinesthésique de l'enfant. C’est à dire qu’écrire à la main fait travailler l'ensemble du cerveau de l'enfant (comme de l’adulte d’ailleurs) en lui apportant de la rigueur, de l’équilibre, de la structure mais aussi le goût de l’analyse. En grandissant, ces structures sont des bases essentielles pour l'imagination et la créativité.

Dès les années 1980, le Professeur Haas au Minnesota a publié une étude suite à un constat: ses étudiants étaient mieux organisés et avaient mieux mémorisés leurs cours, que ceux qui utilisaient un clavier. Depuis, les études font toutes le même constat. Et la dernière en Suède rappelle l'importance de l'apprentissage de l'écriture manuscrite alors qu'elle est de plus en plus délaissée.

L'écriture manuscrite est aussi importante dans l'apprentissage de la lecture comme le rappelle Jean-Luc Velay, que nous avons rencontré: " On sait que l'écriture joue un rôle important dans le développement des capacités sensori-motrices, mais aussi visuelles : quand on apprend à écrire, le mouvement de graphie nous fait mémoriser une forme et un geste. Cela s'observe dans les IRM fonctionnelles : quand on demande à un sujet de regarder des lettres, cela active à la fois les zones visuelles et sensori-motrices de son cerveau, et c'est cette double stimulation cognitive qui lui permet de retrouver le nom de la lettre. Et si on ne sait plus écrire à la main, notre capacité à reconnaître les lettres décline. "

Quels sont les enjeux de la réappropriation de l’écriture manuscrite en France ?

Plus que des enjeux, c'est une urgence ! En France, les chiffres sont catastrophiques. L 'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques ) estime qu'1 français sur 5 a un faible niveau en lecture et  en écriture. C'est 4 fois plus élevé qu'au Japon. Les enjeux de l'écriture manuscrite au primaire sont la compréhension de la langue française et l'acquisition de son orthographe qui n'est pas la plus simple au monde. Donc la réappropriation de l'écriture manuscrite en France est importante pour la conservation et la transmission de notre langue. En plus, une étude IFOP de 2016 a démontré que les jeunes français (de 12 à 25 ans) restent très attachés à l'écriture manuscrite. Alors même que l’école française, dès 2016, s'engageait dans la voie des équipements numériques, et les États-Unis et la Finlande renonçaient progressivement à l'apprentissage de l'écriture cursive au profit de l’écriture scripte et de la maîtrise du clavier, certains états américains comme la Louisiane et l'Arkansas font marche arrière et l’ont réintégrée dans les programmes scolaires. Cette étude montre que l'écriture manuscrite a de beaux jours devant elle et reste une valeur forte pour notre jeunesse !

Expliquez-nous les différences entre graphothérapie et graphologie ?

Même si la graphologie et la graphothérapie font partie du même univers : l’écriture (graphein = écrire en grec), elles ne la traitent pas du tout de la même manière. La graphothérapie est la rééducation de l'écriture manuscrite, c'est à dire du geste graphique. La graphologie est le logos de l'écriture, c’est à dire la science de l’écriture qui permet de connaître la personnalité du scripteur. Je pense qu'un graphothérapeute doit être aussi d'abord formé à la graphologie pour comprendre de manière globale les enjeux de la rééducation, même si aujourd'hui ce n'est plus obligatoire dans les formations. EPISTOLA est conçu par une graphologue qui est graphothérapeute.

Comment se passe un bilan ? Qu’analysez-vous ?

Un bilan en cabinet se déroule  en plusieurs étapes pour déterminer le profil d'apprentissage de l'enfant, observer ses difficultés et enfin grâce à des calculs d'items, évaluer son retard graphique ou déceler une dysgraphie et un entretien avec les parents pour connaître l’histoire de l’enfant et la genèse de ses difficultés. On analyse la forme de l’écriture et le mouvement, voir si le mouvement cursif : liaisons, rythme et vitesse sont acquis. On analyse la tenue du crayon, ainsi que la posture globale, la dextérité de l’enfant. Nous avons conçu  pour EPISTOLA un "questionnaire de prise en main" qui permet une évaluation de l'écriture de son enfant avec des critères bien précis que j'ai adapté de mon expérience en cabinet et de l'échelle d'Ajurriaguerra. Cela permet à l’outil  de déterminer quel parcours est adapté à l’enfant. 

Quel est le contenu d’une séance ? Comment se passe-t-elle ?

Nous proposons 3 parcours bien différents et adaptés aux besoins spécifiques de l’enfant. Chaque parcours contient un nombre de séance réparti sur une période de rééducation. Pendant cette période conseillée, les exercices sont accessibles de manière illimitée pendant un an. Les séance sont différentes en fonction des parcours proposés puisqu’on s’adapte au degré des difficultés de l’enfant. Ce sont des enchaînements d'exercices de 5 à 10 min : motricité globale, motricité fine, musculation de la main, exercices de petite et grande progression pour travailler l'amplitude du geste, des exercices ludiques pour acquérir la fluidité du trait, des liaisons,... puis l'apprentissage du bon geste calligraphique de chaque lettre inspiré de la méthode Montessori et de celle de Marie-Christine Foy. Les séances guidées durent en moyenne 30 à 40 minutes. Elles contiennent des exercices présentés en vidéos afin que le parent soit guidé pas à pas pour accompagner son enfant dans son exercice. La répétition et la régularité sont  très importantes dans notre programme. L’enfant devra refaire la même séance plusieurs fois semaine après semaine pour générer des bons réflexes. 

Comment savoir si une rééducation en graphothérapie est nécessaire ? De qui émane généralement la demande ? A partir de quel âge ?

La rééducation concerne les enfants à partir de 6 ans jusqu'à 14/15 ans. Souvent la demande émane de l’enseignant et des parents. Les orthophonistes peuvent être aussi prescripteurs. En général, on sait si un enfant a besoin d'aide quand il se plaint d'avoir mal quand il écrit, qu'il tient mal son crayon malgré l'attention répétée des parents et de l'enseignant, mais surtout quand l'écriture est illisible, quand l’enfant n’arrive plus à terminer ses exercices écrits en même temps que ses camarades et quand les cahiers sont sales et mal tenus. Pour les adolescents et parfois les lycéens, la rééducation est plus rare car l'écriture déjà personnifiée, mais travailler la motricité fine, la musculation, la détente du geste permet de résoudre  leur problème de fatigabilité à l'écrit, qui rend leur écriture de plus en plus illisible.

D’où viennent généralement les soucis d’écriture ?

L’origine de ces soucis sont multiples et variés. Ils peuvent être dûs à des mauvaises habitudes non corrigées, un problème de latéralisation, des pertes ou retard des acquis psychomoteurs souvent à cause de trop d'écrans tactils ou d'un traumatisme mais aussi à des troubles plus importants comme la dyslexie, la dysgraphie, la dyspraxie qui entraînent des difficultés dans les apprentissages.

Comment expliquer la détérioration actuelle des écritures décrites par les enseignants ?

Les classes surchargées empêchent les enseignants d'avoir une attention régulière et suivie auprès de leurs élèves. Le temps consacré à l'écriture manuscrite dans les nouveaux programmes est trop insuffisant. L'école éveille l'enfant au monde et lui offre une culture générale très large, des expériences,..., mais du coup, en réduisant le temps des apprentissages de base. Et le trop numérique trop tôt dans les classes de primaire, alors que c'est un formidable outil, fait des dégâts. Les enfants n’écrivent plus qu’à l’école et écrivent très peu à la maison. Même les devoirs sont encouragés sur ordinateur, on distribue à l’école des polycopiés, ils prennent de moins en moins de notes. Et les programmes scolaires privilégient la lecture à l’écriture. En 20 ans on est passé d’une pondération 50/50 entre l’écriture et la lecture, aujourd’hui c’est ⅓ pour l’écriture ⅔ pour la lecture.
Il faut en priorité que l'enfant maîtrise l'écriture manuscrite avant de lui mettre un clavier ou un écran tactile entre les mains.  

L’écriture est-elle le reflet de la personnalité ?

Bien sûr ! Notre écriture est une de nos empreintes, comme nos empreintes digitales qui sont la  marque de notre identité physique ! Notre écriture est l’empreinte de notre “Moi profond”. En tant que graphologue, j'en suis convaincue, et les scripteurs que j'ai eu en analyse le confirment. La graphologie est une des sciences de la psychologie. Elle révèle par un geste presque naturel l'inconscient et le conscient de la personne. Jung, Hippocrate, Le Senne, et bien sûr Crépieux-Jamin, le père de la graphologie, ont fait de l'écriture un trésor de psychologie. Mais la graphologie ne concerne que les écritures personnifiées, en général elles le sont vers 15 ans. Même si la graphologie permet d'avoir une approche et compréhension profonde de l'écriture, elle ne concerne pas les enfants qui suivent une graphothérapie.

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